Promenade d'Ingré du 13 décembre 2014
L’un des éléments caractéristiques du bâti rural est sans conteste la présence de lucarnes. Ingré possède une collection intéressante de cet élément de construction conservé dans son état originel.
Toutes les rues possèdent des lucarnes, mais les plus nombreuses se trouvent dans les rues de Coûtes, des Selliers et Route Nationale.
Leur construction s’étale de la moitié du XIXème siècle au tout début du XXème. Ce sont toutes des lucarnes portes donnant accès au grenier ou gerbières, la grande majorité à fronton triangulaire, quelques unes à fronton arrondi.
Le nombre de ces lucarnes, de la plus simple - le fronton lisse - à la plus sophistiquée, leur réalisation par le tailleur de pierre et le sculpteur laissent entrevoir une émulation certaine entre les propriétaires (quant à leur coût), certaines constituant ainsi une véritable oeuvre d’art.
Prenons la peine de découvrir les diverses inscriptions et sculptures inscrites dans la pierre.
Peut-être figurent-elle un symbole, peut-être peut-on y voir la volonté de créer un décor à seule fin d’esthétisme...
- Le losange revient souvent, simple figure géométrique ou préoccupation majeure des anciens : la fécondité, celle de la famille, du troupeau et l’abondance de la récolte.
- Détail curieux, des lucarnes reproduisent avec des briques de couleur cette figure géométrique.
- Les dates de construction : plutôt discrètes ; la plus ancienne se trouvant sur la Route Nationale porte la date de 1821.
- Les noms de propriétaires : figurent avec deux lettres ; un seul nom est développé en entier sur la Route Nationale.
- Au fil des promenades, on rencontre des sculptures représentant la marguerite, des marques de profession, une croix, affirmation d’une foi ou simple signe protecteur, un lys...
- Le symbole solaire et ses variantes : étoile à 5 branches, fleur à pétales, soleil rayonnant, rouelle : c’est toujours l’astre qui est figuré sous cette forme.
- Au XIXème siècle, Ingré était une société de vignerons. Rien d’étonnant que sur les frontons cette activité apparaisse à travers les plus belles réalisations. Pour illustrer, voici reproduits quatre vers du poète Gaston COUTE :
V’là les pesans qu’ont fait vendanges !
V’la les perssoués qui piss’nt leu’s jus ;
On travaille aux portes des granges
A rassarer l’vin dans les fûts.
Pour terminer portons notre regard sur 3 lucarnes remarquables :
- à l’angle de la rue du Val d’Orléans et de la Route Nationale : sur 3 frontons identiques de découvre le nom du propriétaire : MA-TR-ON ;
- face à la bibliothèque municipale, figure la date de 1895 dans le cartouche, au-dessus l’étoile à 5 branches, les rampants étant décorés d’une frise métallique ;
- sur la Route Nationale, datée de 1821, on a à faire ici à une lucarne de type compagnonnique, dite guitarde, les « liens guitards » désignant un assemblage de bois courbes dans un plan circulaire ou ellipsoïdal.